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journal de ma vie.

qu’il n’y pretendoit aucun commandement des qu’Elle viendroit en sa dite armée, et qu’il sçavoit bien qu’il appartenoit de plein droit a ses mareschaux de France. De quoy se plaint-il ? De ce que l’on luy a donné mille francs par mois sur vostre estat comme s'il estoit lieutenant general ? Je luy demande s’il y est nommé lieutenant general : il ne me le sçauroit montrer. Et quand il y seroit nommé, Mr le Coygneux quy l’a dressé et monsieur vostre frère quy l’a sinné sans le voir, ne font point par ce simple acte des lieutenans generaux d’armée que Vostre Majesté soit obligée de maintenir et conserver. Il dit qu'il y a servy trois mois : je le sçay bien ; mais un service de trois mois, le veut il puis apres perpetuel, et un service mendié et stipulé precedemment qu'il ne dureroit que jusques a vostre arrivée ? Quel affront pretend il quy luy soit fait sy Vostre Majesté luy tient ce qu’Elle luy a promis, et s’il est traitté en la forme qu’il a demandée et requise, voire mesmes estorquée ? Il dit que nous avons esté pendant le temps de son service a passer nostre temps a Paris : quy lui nie ? Aussy sera il a passer le temps a Paris pendant celuy de nostre employ. Où vouloit il que nous fussions pendant vostre maladie, et l’attente de vostre convalescence pour L'accompagner et servir en cette guerre ? Et a tres grand tort de dire que je luy veuille mal a cause de sa sœur : ce seroit au contraire une cause de luy vouloir du bien ; je recherche avec trop de soin l'affection des proches des personnes dont je suis amoureux. Je luy eusse peu vouloir mal s’il eut fait a ma sœur ce que j’ay fait a la sienne : il ne pratique pas la mesme chose aux autres de peur de s’attirer une trop grande quantité d’ennemis sur les bras.