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journal de ma vie.

et mit huit mille Anglois[1] dessus, puis se mit en mer.

Le roy quy estoit a toute heure averty des desseins des Anglois et des pratiques des Rochelois, jugea que cet apprest se faisoit pour luy, fit munir ses costes, et leva une armée pour se porter ou besoin seroit, resolu d’y aller en personne, et monsieur son frere avec luy. Il me commanda de l’accompagner en son arsenac ou il fit l’estat de l'artiglerie, et se preparant pour partir, alla en parlement pour leur dire adieu et faire quand et quand verifier ce code que Mr de Marillac garde des sceaux avoit compilé et quy de son nom[2] fut dit code Michaut.

Le roy partit de Paris, et en sortant de son parlement[3] pour s’acheminer en Poitou (il se trouva mal comme il y estoit), je luy presentay la main pour descendre de son lit de justice, et il me dit : « Mareschal, j’ay la fievre, et n’ay fait que trembler tant que j’ay esté en mon lit de justice. » « C’est neammoins le lieu, luy respondis je, d’ou vous faites trembler les autres. Mais sy cela est, Sire, pourquoy vous mettés vous aux champs par la fievre ? Arrestés encores deux ou trois jours dans cette ville. » Il me respondit : « La foulle de ceux quy sont venus prendre congé de moy me l’a donnée, et je la perdray a la campaigne quand j'auray pris l’air. Neammoins ne laissés pas d’envoyer a Marolles[4], ou je vas coucher, vostre Biernois[5]

  1. Il y avait aux précédentes éditions : nécessaire à une flotte et vingt-huit mille Anglois dessus.
  2. Du nom de Michel.
  3. Le 28 juin.
  4. Aujourd’hui Marolles-lez-Arpajon, village du canton d’Arpajon, arrondissement de Corbeil.
  5. Votre Béarnais.