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journal de ma vie.

a bastir, et que les finances de la France ne seront pas espuysées par ses somptueux edifices ; sy ce n’est que l’on luy veuille reprocher le chetif chasteau de Versailles, de la construction duquel un simple gentilhomme ne voudroit pas prendre vanité. »

« Quant a ce quy est du second point concernant la sepulture du feu roy, je voudrois pouvoir encherir sur les louanges que la compagnie a données a Mr le president d’Osembray, personnage né pour le bien de la France, digne du nom qu’il porte, et de la gloire et haute renommée de ses predecesseurs. Il m’a semblé (quand il a sy noblement offert ses biens pour subvenir a la construction du tombeau du feu roy), que son cœur et ses desirs accompagnoint sa bouche, tant il a montré de zele et de reconnoissance a la memoyre de ce grand et bon roy. Mais comme je suis de l’avis commun en ce quy est du gré que la compagnie luy sçait de ses bonnes intentions, je contrarie au sien en la tres humble priere qu'il veut que nous facions a Sa Majesté de faire edifier la sepulture du feu roy son pere, et de le faire ressouvenir de ce devoir, a quoy la nature l’oblige. Plusieurs de ceux de cette compagnie, Messieurs, et principalement des seigneurs du conseil du roy, rappelleront, s’il leur plait, leur memoyre pour vous tesmoygner comme moy, qu’après que la reine mere, regente du royaume, eut essuyé ses premieres larmes (causées par la funeste mort de cet incomparable roy), pour regarder et remedier aux urgentes affaires de cet estat, un de ses principaux soins fut de construire sur les cendres de son seigneur et mary un mausolée digne de cette grande Arthemise. Elle envoya en Italie pour en tirer des dessins des plus