Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
273
1626. novembre.

chant nommé Mr Bel, mon ancien hoste et amy, quy m’y fit une collation.

Le caresme prenant des Anglois commence ce jour là quy, selon leur calendrier, est celuy de la Toussaints.

Le jeudy 12me je fus cheux le millord Carleton quy s’estoit chargé de l’expedition de mes despesches : puis je fus voir le roy. De la je rammenay Gorin disner avec moy et le viscomte de Houemelton. Le comte de Carlile m’envoya presenter six beaux chevaux. Je fus pour voir le stuart[1] comte de Pembroch et le secretaire Convé, et ne les ayant trouvés, je vins cheux la reine ou le roy arriva : ils se brouillerent ensemble et moy en suitte sur ce sujet avec la reine, et luy dis que je prendrois le lendemain congé du roy pour m’en retourner en France sans achever les affaires, et dirois au roy et a la reine sa mere qu’il tenoit a elle. Comme je fus de retour en mon logis, le pere Sansy a quy elle avoit escrit de nostre brouillerie vint pour la raccommoder avec tant d'impertinences que je me mis bien fort en colere contre luy.

Le vendredy 12me je fus le matin cheux l’ambassadeur de Hollande, puis cheux le secretaire Convé, et l’apres disner je le passay cheux la comtesse d’Exeter et sa fille la comtesse d’Oxfort[2].

Je ne voulus point aller cheux la reine quy me l’avoit mandé.

Le samedy 14me le comte de Carlile me vint trouver

  1. Steward, grand-maître de la maison du roi.
  2. Diana Cecill, fille de William Cecill, comte d’Exeter, et d’Élisabeth Drury, sa seconde femme, avait épousé Henri de Vere, comte d’Oxford, qui l'avait laissée veuve sans enfants en 1625.