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journal de ma vie.

luy montrer la belle response qu'ils m’avoint donnée, et en sustance ce que j’y avois respondu et protesté, ce quy l'affligea fort.

Le soir mesme le duc m'envoya dire que tous ceux du conseil quy parloint ou entendoint françois me viendroint trouver le lendemain matin, et que j’eusse bonne esperance d’une bonne conclusion ; car le roy leur avoit dit que son intention estoit de satisfaire le roy son frere, et de me renvoyer content.

Le samedy 7me le comte Dorset me vint trouver des sept heures du matin pour me dire que j’aurois contentement, et que le conseil viendroit peu apres me trouver ; et ne tiendroit qu’a moy que tout n’allat bien. Il me trouva en mauvais estat pour conferer ; car, ou le temps quy estoit fort nebuleux, ou mon mauvais temperament, ou la longue et vehemente response que j’avois faitte le jour precedent, m’avoit mis en tel point que je n'avois plus de voix, et a peine me pouvoit il entendre, quelque effort que je peusse faire.

Peu apres le duc et le conseil arriverent, et nous estans assis, Mr Carleton fit replique sur ma response, et en fin protesta en la mesme façon que j’avois fait, du mal quy pourroit arriver de nostre rupture, offrant neammoins, sy nous pouvions maintenant par ensemble trouver quelque bon moyen d’accommodement, que le roy l’auroit tres agreable ; a quoy en suitte nous travaillames, et n’y eumes pas beaucoup de peine ; car ils furent raysonnables, et moy, moderé en mes demandes. La plus grande difficulté fut pour le restablissement des prestres, dont en fin nous convinsmes. Je leur fis en suitte un magnifique festin, et puis s’en