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journal de ma vie.

preuves de ma fidellité que je n’ay rien a craindre, ny luy aussy, de ce costé la. Mais je me suis retiré de vous voir lors que vous avés dit a la reine vostre mere que l’on vouloit mettre Mr de Bellegarde ou moy aupres de vous, et que vous n’en vouliés point, affin de vous faire voir que je n’y prétendois point et que je ne piquois pas apres le benefice. » Il me dit lors qu’il seroit bien ayse que je fusse près de luy, et que je fisse aupres du roy qu’il m’y mit. A cela je respondis que quand le roy me donneroit cent mille escus par an pour estre aupres de luy, que je les refuserois, non pas que je ne le tinsse a grand honneur et que je n’eusse une grande passion a son service, mais parce qu’il en faudroit tromper l’un ou l’autre, et que je ne m'entendois point a cela.

Trois jours apres, Monsieur fit marié : mais pour cela le proces de Chalais ne se discontinua pas ; ains on le paracheva, et eut la teste tranchée a Nantes[1].

Il y eut plusieurs intrigues d’amourettes, et autres choses. On refforma[2] l’entrée de la chambre et cabinet de la reine aux hommes, hormis quand le roy y seroit. On fit renvoyer en sa maison madame de Chevreuse quy s’en alla, au lieu de sa maison, en Lorraine.

En ce mesme temps, du costé d’Angleterre, on chassa tous les [officiers][3] françois de la reine, et les prestres aussy, hormis son confesseur, ce quy causa un grand desplaisir au roy et a la reine mere, laquelle desira que le roy m’envoyat en Angleterre pour reme-

  1. Le 19 août.
  2. Il y avait aux précédentes éditions : on referma.
  3. Inédit. — L'expulsion des Français eut lieu le 9 août.