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1626. mars.

et resfreydy, je consideray que ce n’estoit point mon affaire, mais celle du roy ; qu’en vain je m’en tourmentois sy le roy la vouloit ratifier ; que j’estois incertain sy le roy avoit point donné les mains a Mr du Fargis pour la pestrir ; que peut estre la reine mere quy vouloit mettre la paix entre ses enfans, l’avoit procurée, peut estre monsieur le cardinal quy voyoit des brouilleries naissantes dans l’estat, avoit voulu cette paix au dehors[1] ; que je ne devois pas penetrer plus avant, comme aussy je ne le pouvois pas faire, et qu'il me pouvoit nuyre de me desclarer trop ; qu’il ne me pouvoit prejudicier de superseder mon ardeur pour quelque temps et de me contenir, laissant lever le lievre par un autre, que je serois toujours en estat puis apres de le courre et de le prendre. Ces raysons et plusieurs autres retinrent mon inclination portée a me faire ouir sur ce sujet, et estant allé cheux monsieur le cardinal (selon l’ordre que nous en avions),

  1. Le maréchal de Bassompierre était bien servi par sa pénétration. C’était en effet le 1er janvier de cette année que M. du Fargis avait signé, sans pouvoir suffisant, un traité avec l’Espagne. Ce traité, apporté à Paris le 16 janvier, avait été tenu secret, et des instructions envoyées à Madrid avaient déterminé les points sur lesquels des changements devaient être faits. Là-dessus M. du Fargis venait encore de signer de son chef les nouveaux articles, qui furent apportés à Paris dans le courant du mois de mars. On se contenta d’y faire encore quelques modifications, et le traité, définitivement ratifié, fut daté de Monzon, le 5 mars 1626. Par le traité de Monzon les Grisons étaient souverains de la Valteline ; mais les Valtelins nommaient leurs officiers et restaient libres dans l’exercice de la religion catholique : les forts devaient être remis au pape pour être démolis : les passages restaient à la disposition de la France : les deux rois devaient s’interposer pour rétablir la paix. (Memorie recondite, t. VI.)