Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/231

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
227
1626. janvier.

dience, a la recommandation de monsieur le nonce, et en suitte le desputé des trois Ligues fut ouy pour luy contredire.

Le jeudy 15me messieurs les desputés me vindrent apporter en corps la resolution qu’ils avoint prise selon mon intention, pour la restitution de la Valteline, laquelle ils demanderoint aux princes detenteurs, refusans a celuy quy n’y voudroit acquiescer, ayde, secours, et passage par leurs terres, se reservans de se desclarer plus amplement contre luy. Je leur fis sur ce sujet le plus ample remerciement qu’il me fut possible, et leur donnay acte de la restitution que le roy estoit prest de faire de ce qu'il y destenoit, et mesmes en leurs mains s’ils s’en vouloint charger, pour la rendre a leurs vrais seigneurs les Grisons. Je fus en fin voir monsieur le nonce quy avoit desja sceu la resolution premiere de la diette, que je trouvay en telle colere qu’il me querella deux ou trois fois.

Le vendredy 16me sur la proposition que monsieur le nonce avoit faite deux jours auparavant en l’assemblée des catholiques desputés, je creus estre obligé d’y repartir pour l’honneur et l’interest du roy mon maitre : ce quy fut cause que j’envoyay demander audience pour l’apres disner a leur catholique assemblée. Mais eux, par un honneur particulier et inusité, s'en vindrent en corps a mon logis pour me la donner et recevoir ensemble, et quand et quand m’apporter leur resolution particuliere et les restrictions qu’ils demandoient en l’abscheid[1] general. Je les haranguay bien longuement, et lavay la teste comme il falloit a monsieur

  1. Abschied, landtagsabschied, recès de la diète.