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journal de ma vie.

qu’il envoya au duc de Feria, avec lesquels il pressa Verrue, et les trouppes de la ligue estans desperies, ils[1] supplierent le roy de les envoyer promptement secourir avec quelque armée. Le roy jetta les yeux sur moy pour m’en donner la conduitte et le commandement, et m’envoya querir en son conseil pour me le proposer. Je parlay au mieux que Dieu me voulut inspirer sur ce sujet, et offris au roy que, s’il luy plaisoit de me donner un[2] des vieux regimens [a mon choix, deux des entretenus, et d’autres nouveaux regimens][3] jusques a faire le nombre de six mille hommes effectifs, avec huit cens chevaux effectifs tels que je les voudrois choysir dans son armée de Champaigne, que j'envoyerois dans trois jours en Suisse faire tenir prets quattre mille hommes de cette nation que je prendrois en passant a Genesve ; je luy respondrois d’estre dans six semaines a Verrue ou nous donnerions battaille au duc de Feria, et, s’il la refusoit, que nous ne ferions pas seulement lever ce siege, mais que nous prendrions plusieurs bonnes places dans le Milanois, capables d’y faire hiverner nos armées. Le roy fut fort satisfait de mon offre qu’il accepta, donna ordre que j’eusse prest l’argent de trois montres que j’avois demandé a Mr de Marillac chef des finances, lequel n’executa pas seulement cet ordre[4], mais aussy despescha le soir mesme un courrier en toute

  1. Ils, ceux de la ligue.
  2. Il y avait aux précédentes éditions : quelques-uns des vieux régiments.
  3. Inédit.
  4. C’est-à-dire : non-seulement n’exécuta pas cet ordre. La phrase était ainsi construite dans les précédentes éditions.