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1625. juillet.

deffrayé avec les honneurs que l’on a accoustumé de rendre aux legats ; mais apres plusieurs conferences, et traittés proposés, n’ayant pas trouvé son compte, vint a Fontainebleau prendre congé du roy, et aussy tost apres, sans attendre que l’on luy rendit les devoirs accoustumés en l’accompagnant et deffrayant par la France, partit inopinement[1], ayant precedemment refusé le present du roy, quy envoya querir les princes et officiers de la couronne avec quelques presidens de sa cour de parlement, et tint un fameux conseil a Fontainebleau sur cet extravagant partement[2], ou il ne fut resolu autre chose sinon que l’on le laisseroit aller.

En ce mesme temps le roy eslongna d'aupres de la reine sa femme la dame du Vernet[3] sa dame d’atour, Ribere son medecin, et quelques autres domestiques.

L’empereur fit passer en Italie par les Suisses, quy octroyerent le passage, pres de trente mille Allemans

  1. Le 20 août suivant le Mercure françois, le 24 septembre suivant les Memorie recondite ; cette dernière date paraît être la vraie.
  2. Dans cette assemblée « Monsieur de Bassompierre a parlé de ce qu’il a veu et negotié en Espagne, aussi monsieur le chancelier ne l’avoit oublié en son rapport. » (Mercure françois, t. XI, année 1625, p. 856.)
  3. Il y avait aux précédentes éditions : la dame Vervet. – Antoinette d’Albert, sœur du connétable de Luynes, avait épousé en 1605 Barthelemy de Monts, seigneur du Vernet, qui fut gouverneur de Calais : devenue veuve, elle épousa en 1628 Henri-Robert de la Marck, comte de Braine, frère du marquis de Mauny. Mme du Vernet était soupçonnée d’avoir secondé la folle passion du duc de Buckingham pour la reine Anne d’Autriche : les autres serviteurs de la reine furent renvoyés pour le même motif.