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journal de ma vie.

qu’il luy en avoit faite affin de luy en faire faire telle reparation ou chastiement qu’il seroit jugé par laditte court ; mais le roy m’asseura qu’il l’en chastieroit assés luy mesme en le chassant honteusement de ses affaires et le mettant en prison, mais que je n’en parlasse pas.

Le lendemain[1] le roy alla l’apres disner voir la reine sa mere a Ruel, et La Vieville ayant eu le vent de ce quy se preparoit contre luy troussa bagage et vint, en s’en retournant a Paris, remettre es mains du roy sa charge de surintendant et la place qu'il avoit au conseil, luy disant qu’il ne vouloit plus retourner a Saint Germain. Le roy luy dit qu’il ne le devoit point faire, et qu'il ne se mit en peine de rien : il luy promit aussy qu’il luy donneroit son congé de sa propre bouche, et qu’il luy permettroit devenir prendre congé de luy quand cela seroit ; ce quy fit qu’il s’en retourna en asseurance a Saint Germain. Mais le soir, comme il se faisoit un charivari en la [basse][2] court pour un officier du commun quy avoit espousé une vefve, Monsieur, frere du roy, quy l’ouït, manda qu’il s’en vint dans la court du chasteau pour le voir, ce que tous ces marmitons, et autres, firent avec des poeles qu’ils frappoint. Quand La Vieville entendit ce bruit, il le prit pour luy, et envoya dire a Mr le cardinal de Richelieu que l’on le venoit assassiner. Monsieur le cardinal monta en sa chambre et le rasseura. Mais le lendemain matin le roy l’ayant envoyé querir en son conseil, il luy dit que, ainsy qu’il luy avoit promis, il

  1. Le 12 août.
  2. Inédit.