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1624. aout.

dire, et luy aussy tost l’alla rapporter au roy quy l’asseura qu’il n’en estoit rien, et que ce seroit plustost moy que luy. Le roy en suitte se fascha a moy de mon discours avec le mareschal de Vittry ; mais je luy dis qu’a un homme quy depuis une année m’avoit tant fait de peine, ce seroit trop peu qu’il ne sentit le sien qu’a l’heure mesme qu’il luy arriveroit, et que je luy voulois faire pressentir et gouster mesmes auparavant qu’il luy arrivat.

Cinq ou six jours apres le roy m'envoya querir en son conseil et me dit (La Vieville present, quy en fut bien estonné parce que l’on ne luy en avoit point parlé auparavant), que s’estant soigneusement fait informer sy les appointemens quy m’estoint contestés et quy estoínt tenus en souffrance, m’appartenoient de droit, ou non, qu’il avoit reconnu que je les devois avoir et par consequent me les restablissoit ; puis s’adressant a La Vieville, luy dit : « Et je veux que vous luy faciés payer, et des demain ce quy luy en est deu du passé, et le courant lors qu’il escheera. » Il ne respondit pas un mot et fit seulement la reverence d’acquiescement. Messieurs du conseil estroit s’en vindrent devant luy conjouir avec moy, et le roy me fit mille bonnes cheres. La Vieville vit bien allors qu’il estoit sur le penchant et commença a dire au roy qu’il se vouloit desmettre de sa charge ; mais le roy luy donna de bonnes esperances.

Deux jours apres je demanday au roy que, lors que La Vieville sortiroit des finances, il me fut permis de le mettre en parlement sur ce qu’il m’avoit accusé a Sa Majesté d’estre pensionnaire d’Espaigne, et qu'il pleut a Sa Majesté de me donner acte de l’accusation