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1624. juillet.

en sorte qu’ils firent une brigue pour retirer de l’ambassade d’Angleterre le comte de Tillieres mon beau frere quy y estoit ambassadeur et y envoyer a sa place Effiat quy estoit tres grand amy du comte de Carlile, ce que La Vieville, quoyque desja disgratié dans l’esprit du roy et de la reine sa mere, n’eut pas peine d’obtenir, a cause d’une lettre qu’il[1] avoit escritte, par laquelle il mandoit au roy que la reine sa mere a son deceu faisoit traitter en Angleterre le mariage de madame sa sœur par personnes interposées, ce quy avoit fort offensé la reine mere.

Sur ces entrefaites le roy partit de Compiegne[2] et vint chasser proche de Monceaux ou estoit la reine mere, en un lieu nommé Germini[3]. Là fut confirmée la resolution de la ruine de La Vieville, dont le roy me fit l’honneur de m’envoyer donner avis par Toiras ; mais ledit Toiras en arrivant a Paris fut appellé en duel par le frere du procureur general nommé le Berné[4], ce quy fut cause que je n’en sceus rien que

  1. Il, le comte de Tillières. ― Dans ses mémoires publiés en 1862 par M. Hippeau, le comte de Tillières raconte qu’il reçut la visite d’un cordelier anglais nommé Grey, qui s’entremettait entre la reine mère et le duc de Buckingham au sujet du mariage : il en avertit le roi par une lettre ; la reine mère nia fortement ; mais un peu plus tard elle s’entendit avec le marquis de la Vieuville pour faire rappeler Tillières : le marquis s'y prêta d’autant plus volontiers qu’il trouvait là une occasion de frapper le maréchal de Bassompierre dans la personne de son beau-frère.
  2. Le 17 juillet.
  3. Germigny-l’Évêque, village du canton de Meaux, alors résidence d’été des évêques de Meaux.
  4. Aymar Nicolay, seigneur de Bernay, fils puîné de Jean Nicolay, seigneur de Goussainville, premier président en la chambre des comptes, et de Marie de Billy, était le beau-frère, et