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journal de ma vie.

charges, contre l’opinion de Mr de Puisieux quy vit bien des ce jour là sa ruine prochaine, mais par vanité la vouloit celer a ses amis pour ne se descrediter vers eux : et m’ayant demandé ce qu’il me sembloit de l'arrest quy venoít d’estre donné, je luy dis qu’il me sembloit que c’estoit le pire que l’on eut sceu donner, attendu que toutes les deux parties estoint offensées, et que le juge (quy estoit le roy), en seroit condamné aux despens. Il me dit lors qu’il n’en cousteroit rien au roy ; et moy je luy repliquay qu’il le payeroit plus cher que s’il l’eut acheté de gré a gré, et que, pour ne mescontenter deux sy grandes maisons comme celle de Lorraine, et de Montmorency, il le devoit faire ; autrement il estoit a craindre, veu le mauvais estat ou la France estoit et l’incertitude de la paix avec les huguenots quy demandoint instamment[1] la demolition du Fort-Louis, que le roy dans quelque temps ne fut obligé de restablir par un traitté de paix ce qu’il avoit presentement destruit. Je pensois dire cela a un amy particulier et en forme de discours ; mais Mr de Puisieux, pour faire le bon vallet, l’alla redire au roy, et le roy a La Vieville quy, bien ayse d’avoir trouvé l’occasion de me nuyre, dit au roy que ces pro-

  1. Il y avait aux précédentes éditions : justement. L’historien Levassor en conclut que le maréchal de Bassompierre donnait son approbation aux réclamations des Rochelois. ― Le Fort-Louis, construit par le comte de Soissons en face de la Rochelle, devait être démoli après que les Rochelois auraient eux-mêmes démoli une partie de leurs fortifications. Non-seulement cette stipulation du traité de paix n’était pas exécutée, mais encore Arnauld, gouverneur du Fort-Louis, travaillait incessamment à renforcer cette citadelle.