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journal de ma vie.

retira. Il arriva aussy que le provost des marchands[1] pretendit de marcher immediatement devant le roy, comme n’estant point une entrée, mais un joyeux avenement, de quoy les mareschaux de France eurent un tel mespris qu’ils ne voulurent pas mesmes contester, et nous en vinsmes sans accompagner le roy quy, des qu’il fut arrivé traitta, et conclut peu apres en fevrier, une ligue offensive et deffensive avec le duc de Savoye et la seigneurie de Venise pour recouvrer la Valteline aux Grisons : et en mesme temps le marquis de Mirabel[2] offrit au roy de la part du roy d’Espaigne l’execution du traitté de Madrid, et que, pour ce quy estoit parlé de l'establissement de la religion[3] audit traitté, le roy d’Espaigne s’en remettroit entierement au pape pour le decider, ce que le roy accepta, et s’en remit aussy au pape : de sorte que, du costé de dehors nos affaires estans assoupies et du dedans la paix establie, nos pensées et desseins furent tournés dans la court, et celles de Mr de Chomberg mises en tres mauvais estat parce que Mr de Beaumarchais dit absolument au roy qu’il ne pouvoit faire les avances necessaires s’il n’estoit asseuré de son remboursement, et que le fonds ordinaire manquoit pour cet effet par le mauvais estat auquel Mr de Chomberg avoit mis ses finances ; sur quoy monsieur le chancelier intervenant mit le roy en resolution determinée de les luy oster : et affin que le roy ne fut capable d’en estre destourné

  1. Le prévôt des marchands était à ce moment Nicolas de Bailleul, qui fut depuis surintendant des finances.
  2. Le marquis de Mirabel fut ambassadeur d’Espagne en France de 1621 à 1632.
  3. Dans la Valteline catholique.