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journal de ma vie.

outre le revenu du roy, lesquels n’estoint a la foule[1] du peuple ny des particuliers, ny a la diminution du revenu de Sa Majesté, pour luy faire grassement passer l’année prochaine. Je luy demanday s’íl pourroit faire voir cela au roy, et luy en donner un estat. Il me dit que ouy, et dans trois jours sy je voulois. Allors je luy dis sans luy nommer personne, que l’on faisoit bien entendre le contraire au roy, et qu’il estoit necessaire qu’il l’en esclaircit ; ce qu’il m’asseura qu’il feroit, et me remercia de l’avis que je luy en donnois. Je dis en suitte au roy ce que Chomberg m’avoit dit, quy fut fort resjouy et me commanda d’averer sy cela estoit, et qu’en ce cas il ne le changeroit point, et qu’il le tenoit bon homme et point larron (ce sont ses mots) ; et Chomberg luy parla deux heures apres, dont il demeura satisfait, et m’asseura que s’il luy faisoit voir ce qu’il luy avoit dit, qu’il le maintiendroit, mais que je n’en fisse point semblant a mes amis. Je tombay malade là dessus et ne revis le roy qu'a Vienne, que le roy me dit que Mr de Chomberg luy avoit fait voir ce qu’il disoit, et qu’il ne le vouloit point changer. Je luy dis lors que, cela estant, il les falloit remettre bien ensemble, Mr de Puisieux et luy premierement, et en suitte monsieur le garde des sceaux et luy ; ce qu’il approuva, et me commanda d’y travailler. Quand nous fusmes a Lion, on le pressa encor pour desarçonner Chomberg, et comme l’on trouva le roy plus lent que de coustume, il me fut aysé de porter Mr de Puisieux a l’accommodement de luy et de Chomberg

  1. A la charge.