Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
173
1622. décembre.

et comme c’estoit celuy a quy on avoit destiné les finances, et que nous n’en avions pas d’autres a la main quy peussent les mieux exercer que Mr de Chomberg (car monsieur le chancelier donnoit exclusion formelle a Mr de Suilly, quy estoit autorisée pres du roy a cause de sa religion), je me confirmay de plus en plus [au dessein que j’avois][1] de maintenir les choses en l’estat qu’elles estoint sans y rien changer : et voyant que je n’en avois pas un plus asseuré moyen que dilayant, je fis envers le roy qu’il n’en parleroit plus jusques a Lion. Mais comme son esprit estoit apprehensif et qu’il estoit agité par les instances de mes deux amis, des qu’il fut arrivé a Arles il remit l’affaire sur le tapis, et moy avesques plus de violence qu’auparavant, j’insistay a luy faire suspendre toute resolution jusques a Lion. Sur cela il m’envoya avec son armée en Vivarès, et s’en alla en Provence, ou on le remit encor sur ce discours ; mais parce qu’il me l’avoit promis, il ne voulut rien dire jusques a ce que je le revis en Avignon, ou il pressa encor et mesmes se fascha contre moy de ce que je le maintenois trop, et eus peine de le faire superseder jusques a Lion.

Cependant je parlay en Avignon a Mr de Chomberg et luy demanday en quel estat estoint les finances du roy, sy l’année prochaine estoit mangée, et s’il n’avoit aucun fond pour ce dernier quartier. Mais luy avec une grande asseurance me dit qu’il avoit de quoy achever cette année sans toucher sur l’autre, et qu’il avoit huit millions de livres de moyens extreordinaires,

  1. Inédit.