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1622. janvier.

Brassac l’eut toute entiere. Rouccelay eut, par l’intervention de Mr le Prince, des ministres et de moy, l’abbaïe de l’Or de Poitiers[1] proche de Saint Maissant, que possedoit precedemment Mr de Rohan.

Peu de jours apres[2] nous arrivasmes a Paris ou messieurs le chancelier et president Jannin prindrent quelque creance aupres du roy et luy persuaderent de ne se pas eslongner de la paix lors que les huguenots se mettroint en leur devoir et qu’il y trouveroit les conditions avantageuses ; et parce que le reste de ceux du conseil y avoint une entiere repugnance, le roy se resolut d’employer Mr le duc Desdiguieres pour la traitter, avec Mr le mareschal de Crequy et Mr de Bullion[3], et qu’il n’en descouvriroit aucune chose qu’a Mr de Puisieux, et a moy, a quy il commanda de tenir l’affaire tres secrette, et voulut que l’on fit de la part de Mr Desdiguieres doubles despesches, l’une quy se verroit et resoudroit dans le conseil ; l’autre, particuliere, adressante a Mr de Puisieux, qu’il ne communiqueroit qu’au roy, et m’en feroit part.

  1. Saint-Maixent avait une abbaye de bénédictins, dont la maison abbatiale était appelée l’Hort (jardin) de Poitiers. Cette abbaye avait été possédée par M. de Sully et par M. de Rohan sous le nom d’un ecclésiastique. M. de Rohan en fut dépouillé lorsqu’il prit les armes pour les protestants en 1621.
  2. Le 27 janvier.
  3. Claude de Bullion, seigneur de Bonnelles, fils de Jean de Bullion, seigneur d’Argny, maître des requêtes, et de Charlotte de Lamoignon, successivement conseiller au parlement, conseiller d’État, maître des requêtes, fut fait surintendant des finances en 1632. Il mourut le 22 décembre 1640. — Il y avait aux précédentes éditions : M. de Bouillon.