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1622. novembre.

Le lundy 7me je vins a Montelimart, et le mardy 8me je passay sur le pont de batteaux que l’on avoit fait sur le Rosne proche du Pousin[1] ou les desputés de Privas me vindrent porter l’acceptation de la paix et toute obeissance a ce que je leur voudrois ordonner de la part du roy. Je leur envoyay le sieur de Clostrevielle pour les y recevoir, et m’en vins avesques dix compagnies des gardes coucher a la Voute[2].

Le mercredy 9me je fis investir Beauchastel quy se mist aussy tost a ma mercy, et Brison m’ayant fait demander un sauf conduit (que je luy donnay), me vint trouver et me remit Charmes, Soyon et Cornas[3], que je mis entre les mains des païsans voysins, ausquels je promis de retirer mes trouppes de cheux eux des qu’ils auroint rasé tous ces petits forts ; ce qu’ils

    telimart, département de la Drôme, sur la rive gauche du Rhône. Quoique les places que le maréchal de Bassompierre se proposait de réduire fussent situées sur la rive droite, il remontait le fleuve en suivant la rive gauche, soit pour trouver une meilleure route, soit pour éviter le passage de l’Ardèche et la marche à travers le pays encore hostile du Vivarais.

  1. Le Pouzin, aujourd’hui village du canton de Chomerac, arrondissement de Privas, était probablement une des cinq places que le maréchal de Bassompierre devait faire rentrer dans le devoir. L’hiver précédent le duc de Lesdiguières, après avoir jeté un pont sur le Rhône, avait obligé le Pouzin à se rendre ; mais il s’était engagé à le remettre aux mains des protestants si la paix ne se concluait pas.
  2. La Voute, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Privas.
  3. Beauchastel, Charmes, Soyons, villages du canton de la Voute ; Cornas, village du canton de Saint-Péray, arrondissement de Tournon, département de l’Ardèche. Ces quatre petites places étaient échelonnées sur la rive droite du Rhône, en remontant vers le nord.