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1622. octobre.

Le lendemain dimanche 2me, toutes les choses necessaires a une attaque ne furent pas seulement prestes, mais il y en eut au double. Toutes les avenues pour y aller furent libres, et couvertes contre les ennemis, et tout le matin je fis travailler a ce quy nous pouvoit manquer, et a reconnestre exactement toutes choses. Le regiment de Navarre estoit de garde a la tranchée. Mr le mareschal de Pralain y arriva de bon matin, quy voulut faire bien comprendre aux capitaines ce qu’ils avoint a faire, et comme, et ou ils se devoint loger. Nous menasmes avec nous les sieurs Ferron et le Bourdet, capitaines, pour leur montrer, lesquels, comme nous nous vinsmes[1] a descouvert tous quattre, une mousquetade donna dans la teste de Ferron et la perça, puis vint donner dans le corps du Bourdet. Ce premier en mourut a l’instant, et l’autre deux jours apres : c’estoint deux braves hommes.

Mr le Prince arriva tost, après avesques Mr le cardinal de la Vallette, Mrs de Chevreuse et d’Espernon. Je leur montray l’ordre que j’avois estably pour les attaques, et les preparatifs de toutes choses necessaires a cet effet, dont ils furent satisfaits. Mr le Prince me demanda sy je ne croyois pas d’emporter la demie lune. Je luy respondis que je ne sçavois pas ce qu’il vouloit faire, et s’il vouloit la prendre par assaut, ou pié a pié ; s’il vouloit l’attaquer apres que les mines auroint joué, ou se loger dessus ou dedans ; que pour moy j’avois toujours veu beaucoup de difficultés en cette affaire, et que j’y en reconnoissois encores davantage ; que c’estoit une piece forte d’elle mesme, def-

  1. Il faut lire : comme nous vinmes, ou : comme nous nous mîmes.