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1622. septembre.

nous voulions attaquer, lequel Argencourt avoit fortifié de tout ce qu’il s’estoit peu imaginer, comme de contremines, de palissades, de poutres planchées a l’espreuve et percées pour donner moyen aux soldats de tirer sur nous sans peril.

Le dimanche 25me on commença une mine a la pointe dudit ravelin, et on en entreprit une autre au coin gauche pour faire faire une attaque par là au regiment de Picardie. Le Meine faisoit faire tous ces travaux, et mines, auquel Mr le Prince avoit une entiere confiance ; et moy quy voyois que je ne gaignois rien à y contredire, le laissois faire, et faisois simplement la charge de premier mareschal de camp, posant, visitant et relevant les gardes, et faisant punctuellement fournir tout ce quy estoit necessaire pour l’avancement des travaux et batterie, ayant l’œil de plus a empescher le secours des ennemis, quy se preparoit a Anduse[1], dont nous eumes l’allarme la nuit du mardy 27me, et le roy voulut le lendemain[2] sur l’avis que l’on luy donna que le secours pour Montpelier marchoit, aller au devant avec quelque cavalerie et deux mille hommes de pié : il fut trois lieues au devant ; mais il rencontra un de nos espions quy l’asseura que de six jours il ne seroit prest a marcher, ce quy lui fit rebrousser chemin.

  1. Anduze, chef-lieu de canton de l’arrondissement d’Alais, département du Gard. C’était dans cette ville que le duc de Rohan faisait ses rassemblements de troupes.
  2. Le 29 le roi « faict prendre ses armes, s’en va au siege au quartier des Suisses dans la hutte du colonel sur les advis du secours qui debvoit venir a Montpeslier. » (Journal d’Hérouard.) L’alarme dont parle Bassompierre dut avoir lieu dans la nuit du 27 au 28.