Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
131
1622. septembre.

carpe du bastion quy estoit a main gauche du ravelin, et ne se jugeant pas capable de l’attaquer et s’en rendre maître, proposa a Mr le Prince qu’il falloit joindre les deux attaques, et avec une ligne de communication les approcher en sorte que ce ne fut qu’un, et que l’on devoit premierement prendre le ravelin que le bastion ; que c’estoit l’ordre de la guerre ; que sy on luy donnoit la charge generale des travaux qu'avoit Gamorini, qu’il en viendroit a bout facilement, a la gloire du roy et de mondit seigneur le Prince, et luy fit la chose sy facile qu’il luy fit changer nostre dessein. Quand je vis que je ne pouvois rien gaigner, je m'adressay a Mr d’Espernon quy ayant veu et reconnu l’un et l’autre projet, l’appuya de son autorité[1], et la disputa vivement. Mais en fin il en fallut passer au dessein du Meine, et fallut commencer ce jour là mesme à tirer nostre travail du costé droit vers ce petit ravelin.

Mr de Chomberg tomba malade la nuit de l’attaque des cornes, dont il pensa mourir.

J’employay une grande partie du samedy 17me aupres du roy sur le sujet de l'eslection qu'il vouloit faire d’un garde des sceaux, dont il estoit puissamment pressé par Mr le Prince et Mr de Chomberg depuis la mort de Mr le garde des sceaux de Vic, et plus encores depuis celle de Mr le cardinal de Rets[2], parce qu'ils sentoint leur cabale du conseil affaiblie

  1. Appuya le mien.
  2. M. de Vic était mort à Pignan le 2 septembre, c’est-à-dire après le cardinal de Retz. L’auteur veut dire que la cabale de M. le Prince et de M. de Schomberg était surtout affaiblie par la mort du cardinal.