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journal de ma vie.

quy estoit entre deux bastions, [que l’un des deux bastions][1]. C'estoit a mon avis contre toute rayson, et avions grand avantage d’attaquer le bastion quy estoit a droitte, et que le quartier de Picardie attaquat le gauche. Mais comme Chabans avoit preoccupé l’esprit de Mr le Prince par ses raysons, il nous fut impossible d’en dire aucune quy le satisfissent. Je voyois bien ou visoit ce compagnon que je connoissois pour avoir toujours esté sous moy, hormis cette fois qu’il estoit ayde de camp au quartier de Picardie, et comme ingrnieur. C'estoit un proposeur de desseins, quy les donnoit a l’oreille aux generaux, blasmant tous ceux quy travailloint, et taschoit de s’installer en leur place, et puis quand il y estoit estably, il commençoit un dessein apparent et le conduisoit jusques a un certain point autant que sa suffisance (quy n’estoit pas grande) luy pouvoit permettre, et puis feignoit une maladie ou faisoit valoir quelque legere blesseure ou pratiquoit quelque commission[2] et laissoit là l’ouvrage commencé. Mr de Chomberg le tenoit un grand et habile homme, et comme tel l’avoit recommandé à Mr de Montmorency au quartier duquel il travailloit, et s’estoit aysement insinué en ses bonnes graces. Il avoit conduit le travail de Picardie jusques sur la contres-

    bastion situé à droite de la demi-lune en faisant face aux troupes royales, c’est-à-dire du côté où commandaient le prince de Condé et MM. de Praslin et de Bassompierre, était le bastion de la Blanquerie, appelé par les assiégeants le bastion noir ; le bastion à gauche était le bastion des Tuileries, qu’ils appelaient le bastion blanc : l’attaque de M. de Montmorency et le quartier de Picardie étaient de ce côté. Ces fortifications couvraient le nord de la ville.

  1. Inédit.
  2. Il y avait aux précédentes éditions : convention.