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journal de ma vie.

Le dimanche 11me Gamorini fut tué en se mettant entre deux paniers pour regarder cette barricade de gabions creux, mise la nuit précédente, que Toiras luy montroit[1] ; quy fut une grande perte pour le roy, car c’estoit un homme bien entendu pour les sieges.

Le soir, apres que les gardes furent sorties de la tranchée, et que le regiment de Navarre les eut relevées, j’allay soupper et emmenay Le Plessis, sergent de battaille, et Des Champs, capitaine en Navarre, avec moy, pour retourner incontinent apres. Mais comme nous nous voulions mettre a table, nous ouimes tirer plus qu’a l'ordinaire a la tranchée, ce quy nous y fit courre en diligence. C’estoit une forte sortie que les ennemis avoint faite sur Navarre, forcerent cette barricade de gabions qu’ils ruinerent et eussent fait un grand desordre a la tranchée sans la forte resistance du regiment. de Navarre ; car le lieutenant colonel nommé Joffre[2] estant demeuré en la tranchée pour y donner l’ordre necessaire, Porcheux[3] capitaine, Campis[4] sergent major, et

  1. Les éditions antérieures portaient : cette barricade de gabions que Toiras lui montrait la nuit précédente.
  2. Voir t. II, p. 185.
  3. N. d’Aubourg, seigneur de Porcheux, frère ou neveu de madame de Loméníe, et peut-être fils ou petit-fils de Charles d’Aubourg, seigneur de Porcheux, qui avait épousé, en 1562, Anne de Cléry. Il fut plus tard capitaine au régiment des gardes ; blessé le 8 novembre 1627 devant la Rochelle, il mourut dans les premiers jours de mars 1628.
  4. Julien de Cambis fut major du régiment de Navarre de 1621 à 1630, suivant Roussel (Essai sur les régiments d'infanterie françoise). ― Cet officier pourrait être Jacques de Cambis, baron d’Alais, fils de Georges de Cambis, vicomte d’Alais, et d’Isabelle