Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
journal de ma vie.

la ville luy cassa la cuisse, dont il mourut trois jours apres[1] : le mesme coup emporta une fesse au sieur de Moullon[2], ayde de camp, dont il guerit.

Le dimanche 4me je fis, la nuit, une barricade a ma droitte, quy traversoit un chemin que ceux quy estoint dans les cornes des ennemis voyoint. Puis en suitte je coulay du long du Merdançon et avec des pipes[3] du long du bord je fis un parapet ou je logeay quantité de mousquetaires, et gaignay le pont quy le traverse[4], sur lequel je me fortifiay ; et en cette sorte nous nous donnions la main, ceux quy estoint sur l’aire Saint Denis et nous. Mais comme ce mesme soir Mr le mareschal de Pralain (Mr de Chevreuse estoit avec luy), vint regaigner ce poste et commencer d’y faire construire un fort, les ingenieurs quy estoint là, et Gamorini mesme, maintindrent que l’on ne s’y pouvoit loger, et qu’il n’y avoit pas de terre suffisante a se couvrir, de sorte que Gamorini descendit a moy et me dit que c’estoit en vain que je prenois a la gauche pour joindre nos attaques, parce que l’on avoit resolu de quitter le dessein de l’aire Saint Denis, quy estoit neammoins le

    livres. ― L’affaire où Zamet fut blessé eut lieu du côté du bastion du Peyrou, à l’ouest de la ville. M. de Montmorency, qui avait son quartier dans cette direction, lui avait remis le commandement ce jour-là, à cause de sa blessure.

  1. Zamet mourut le 8 septembre.
  2. N. des Prés de Mondreville, seigneur de Moulon. ― Dans l’Histoire de la ville de Montpellier, et dans l’Histoire du mareschal de Toiras, cet officier est appelé Coudron. Il est à remarquer que dans l’Histoire de la vie du connestable de Lesdiguières, par Louis Videl, il est question d’un aide de camp appelé Couldron ou Caudron (pp. 405, 407).
  3. Des barriques de grande dimension.
  4. Le pont du Pile-Saint-Gilles.