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journal de ma vie.

fortifier, que j’en estois content. Il luy laissa donc et m’emmena avec luy aupres du roy. Nous laissames avec Mr de Valançay Mr du Plessis sergent de battaille[1], brave homme et entendu, et son ayde Verneigues, avec les regimens de Fabregues, La Roquette et Saint Brest, quy pouvoint faire huit a neuf cens hommes, trois cens hommes de Piemont, et autant de Normandie. Mr le Prince ordonna aussy cinquante chevaux, quy eussent empesché le desordre quy survint, s’ils y fussent venus ; mais ils manquerent et n’y vindrent a temps.

Je demanday congé au roy de m’aller reposer deux ou trois heures affin que je puisse veiller la nuit prochaine a l’ouverture de la tranchée, n”ayant point fermé l’œil depuis que nous estions partis de la Verune, ce qu’il m’accorda au sortir du conseil. J’estois dessus mon lit sur le midy quand j’ouis tirer trois coups de canon consecutifs de la ville, ce quy me fit sortir de ma tente ; ou je vis a l’heure mesme une grande sortie que ceux de la ville faisoint sur nos gens quy estoint a l’aire Saint-Denis, et qu’il y avoit parmy ceux quy sortoint, bien trente chevaux armés. Je demanday un cheval en diligence, m’acheminant toujours vers le quartier des Suisses quy estoit le plus prochain de ladite aire Saint-Denis, quand je vis nos gens s’en fuir et se glisser au bas de la montaigne

  1. M. du Plessis, que l’on voit ici occuper l’emploi considérable de sergent de bataille, est sans doute le même officier qui, en 1614, était maréchal de bataille pour la cavalerie ; on ne doit pas le confondre avec du Plessis-Besançon, qui fut aussi sergent de bataille, mais plus tard.