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1622. septembre.

logis qu’avoint pris Mr le Prince ny Mr le mareschal de Pralain[1], ce quy fut cause que je ne leur manday rien. Ils y arriverent le lendemain matin jeudy premier jour de septembre. Mr le Prince fut ravy de voir nostre progres ; mais Mr de Pralain s’en offensa, disant que je ne devois point sans son commandement m’estre avancé. Mr le Prince prit lors mon party et luy dit que j’avois bien fait et que, puis qu’il l'approuvoit, c’estoit assés.

Il nous mena de là avec luy au conseil ou vindrent aussy Gamorini, Mortieres, Lago, et le Meine. Tous furent d’avis qu’il falloit saysir l'aire de Saint-Denis[2], quy est cette eminence ou est maintenant la citadelle, et que le plus tost que nous nous en pourrions rendre maitres, que ce seroit le meilleur. Monsieur le mareschal en prit la charge, et Mr le Prince me commanda de luy accompagner. Mr de Chevreuse y voulut venir, et nous nous y logeames sans y trouver autre resistance que d’un corps de garde quy lascha le pié.

Mr le Prince y vint [le] lendemain vendredy 2me, et en fut fort satisfait. Il me dit sy je vcudrois bien en laisser la garde a Mr de Valançay, ou sy je luy lairrois la nuit suyvante ouvrir la tranchée. Je luy respondis que l’ouverture de la tranchée appartenoit au premier mareschal de camp, et que s’il vouloit donner la garde de l’aire Saint-Denis a Mr de Valançay et l’ordre de s’y

  1. Le prince de Condé et le maréchal de Praslin se logèrent sur le tertre, non loin de la maison occupée par le roi. Leurs tentes étaient voisines de celle de M. de Bassompierre.
  2. Ici et dans la suite il y avait aux précédentes éditions : le havre Saint-Denis. ― La butte Saint-Denis est située à l’est de la ville.