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journal de ma vie.

ou il y avoit du bois quy fut bien tost coupé, et devint une plaine. Le roy se logea a un mas[1] a trois cens pas du campement, quy estoit au consul[2] de Montpelier. Nous ne nous avançames pas ce jour là plus avant qu’un chemin creux au dessous de la Justice[3] ou nous mismes un corps de garde de cent hommes, comme aussy nous en mismes pareillement, et de mesme nombre, a la teste de chasque regiment, et une garde a cheval de cinquante chevaux.

Sur les dix heures du soir le capitaine Lago[4] quy estoit ayde de camp, alla par mon ordre reconnestre avec vingt hommes un poste des ennemis a une maison ruinée a cent pas de la Justice et a quattre cens pas des cornes des ennemis, et les ayant poussés, il les fit quitter la maison et se retirer a leurs cornes. J’y allay a l’heure mesme, et mis pour garder cette masure, les cent hommes que j’avois precedemment mis a la Justice, et ayant fait venir a moy les six cens hommes quy estoint devant les six regimens campés, a quy je manday d’en mettre autant a leur place, je m’avançay dans un chemin creux que je trouvay gardable, et y mis ces six cens hommes ; et en ayant encor envoyé querir six cens autres, je m’avançay a cent pas de leurs cornes et m’y fortifiay la nuit.

Septembre. ― Je n’avois pas eu connoissance des

  1. Maison.
  2. Il y avait : campement. ― Le premier consul ou maire de Montpellier était le sieur Pierre Aimeric, fougueux huguenot, élu en 1621. Sa maison était située sur la rive droite du Lez, à l’extrémité du tertre.
  3. Lieu des exécutions.
  4. N. de Meritens de Lago. ― Il y avait aux précédentes éditions : Lage.