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journal de ma vie.

desja son opinion, et nous en pouvons dire ad idem. » Lors je la dis en semblable façon :

« Sire, je suis d’avis que Vostre Majesté se leve de son conseil, et que par un noble et genereux desdain elle tesmoygne combien elle se sent offensée des propositions de ceux de Montpelier, et combien les avis que l’on luy donne en conformité luy sont desagreables. »

« Sy Vostre Majesté estoit devant Strasbourg, Envers, ou Milan, et qu’elle conclut une paix avesques les princes a quy ces villes appartiennent, les conditions de n’y pas entrer seroint tolerables ; mais qu’un roy de France, victorieux avec une forte armée, au lieu de donner la paix a une poignée[1] de ses sujets rebelles, sans ressource, et reduits a l’extremité, Elle la reçoive d’eux a des conditions honteuses qu’ils luy viennent proposer et imposer, ce sont injures quy ne se peuvent souffrir[2], non pas mesmes escouter. La ville de Montpelier en refusera l’entrée a son roy, luy fermera ses portes, et avant que de luy faire aucun serment de fidellité[3], il luy fera cet acte d’obeissance de s’eslongner de dix lieues de leur ville, selon leur desir ! Le roy quy accepte ces conditions se doit preparer a recevoir de terribles oultrages des autres villes quy seront audacieuses par cet exemple et asseurées d’impunité par cette indigne souffrance. Ouy, mais, me dira-t-on, il apparoistra par le traitté

  1. Il y avait aux précédentes éditions : une partie.
  2. L’auteur avait d’abord écrit : quy demanderoint vengeance au cœur.
  3. C'est-à-dire : avant qu’elle lui fasse aucun serment de fidélité.