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journal de ma vie.

quy en a le proffit en remporte l’honneur : ’c’est pourquoy je conseilleray toujours a Vostre Majesté d’aller au solide, sans vous arrester a de petites formalités quy ne sont point essentielles. Sy la ville de Montpelier vous refusoit l’obeissance et la sommission quy vous est due, et qu’ils sont obligés de vous rendre, je vous dirois qu’il la faudroit destruire, et exterminer : mais c’est un peuple allarmé et espouvanté des menaces que l’on leur a faites de les piller, et destruire, violer leurs femmes, et filles, et brusler leurs maisons, quy vous supplie au nom de Dieu que vous faciés recevoir son obéissance par monsieur vostre connestable lequel y entrera, vous en estant eslongné, avesques telles forces qu'il luy plaira, pour y faire valoir et reconnestre l’autorité de Vostre Majesté, quy est la mesme chose que sy vous y entriés vous mesme. Pourquoy voulés vous, pour une puntille de rien, ne recevoir une paix sy utile et honorable pour Vostre Majesté, et plustost entreprendre une longue guerre, dont l’evenement est douteux et la despense excessive, dans un païs ou les chaleurs sont immoderées, et exposer vostre propre personne aux outrages de la guerre et de la sayson, pouvant vous en exempter sans dommage ny blasme ? Car des maintenant Vostre Majesté peut recevoir la paix, ou pour dire mieux, la donner a vos sujets rebelles. Ceux de Montpelier offriront, et mesmes supplieront tres humblement Vostre Majesté de venir honorer leur ville de vostre presence, et d’y faire son entrée, laquelle ils prepareront la plus magnifique qu’ils pourront, mais qu’ils vous demandent six jours de temps pour licentier les trouppes des Sevennois qu’ils ont dans leur ville, et pour se preparer a y