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1622. aout.

laisser entrer le roy dans leur ville le plus fort ; mais bien que sy le roy s’en vouloit eslongner de dix lieues, ils y recevroint monsieur le connestable avesques les forces qu’il y voudroit faire entrer. Il y avoit dans le conseil, avec le roy, Mr le Prince, monsieur le connestable, Mrs les mareschaux de Pralain, Saint Geran et Crequy, Mrs d’Espernon et de Montmorency, Chomberg, [moy][1], Marillac, Zammet, Valançay, Portes, Montreal, president Faur[2], et Bulion.

Le fait estoit que Mr le Prince, ennemy mortel de la paix quy se traittoit, avoit dit en plusieurs lieux que, sy le roy entroit dans Montpelier, il la feroit piller, quelque diligence que l’on sceut faire au contraire : ce quy avoit tellement intimidé ceux de Montpelier qu’ils se vouloint plustost resoudre a toute autre extremité que d’y recevoir le roy ; et pour finale response qu’ils donnerent ce jour là a Mr de Bulion ils offrirent toute obeissance pourveu que le roy n’entrat point dans leur ville dont ils tenoint le pillage asseuré s’ils luy ouvroint les portes.

Comme chascun eut pris place au conseil, le roy commanda a Mr de Bulion de faire son rapport, lequel luy dit purement comme ceux de la ville luy avoint enchargé : sur quoy le roy luy dit qu’il dit son opinion. Il luy dit en cette sorte :

« Sire, j’ay toujours ouy dire qu’en la guerre celuy

  1. Inédit.
  2. Henri du Faur, seigneur de Tarabel, second fils de Guy du Faur, seigneur de Pibrac, et de Jeanne de Custos, dame de Tarabel, avait été nommé premier président du parlement de Pau, lors de la création de ce parlement en 1620. Il était aussi conseiller d’État.