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journal de ma vie.

fut un peu estonné de cette response, et plus encores quand il eut envoyé querir Beauvilliers pour luy faire des plaintes de ce que j’avois dit a Pongibaut[1], (que ce n'estoit pas le meilleur a Mr de Chomberg de se montrer sy partial pour Mr le Prince), [et que] Beauvilliers luy eut respondu que s’il me l'eut dit devant qu’en parler au roy, je l’en eusse satisfait, mais qu’il avoit mal commencé de se desclarer contre moy avant que s’en estre esclaircy. Il vit bien que le roy m’avoit parlé, et pria Mr de Puisieux de nous raccommoder, ce que je fis difficilement, et apres luy avoir dit mes sentimens. Il me pria en suitte de l’assister a obtenir la despouille de Mr d’Espernon, quy par sa promotion au gouvernement de Guyenne, laissoit ceux de Saintonge, Angoulmois, Aulnis et Limousin. Je luy dis que non seulement je ne parlerois point en sa faveur, mais que je luy traverserois jusques a ce que Mr de Pralain quy estoit mon amy fidelle, fut entierement content, quy y pretendoit comme luy ; ce quy se fit en fin en partageant, a Mr de Pralain la Saintonge et Aulnis, et a Mr de Chomberg Angoulmois[2] et Limousin.

Je servis aussy Mr d’Espernon. pour luy faire avoir Bergerac que le roy refusoit de luy donner.

Mr de Montmorency[3] eut une forte prise avesques le roy quy avoit donné le gouvernement de Lunel a

  1. Roger de Daillon, comte de Pontgibault, second fils de François de Daillon, comte du Lude, et de Françoise de Schomberg, né le 13 octobre 1601, fut tué en duel en 1626 par le comte de Chalais. Il était neveu de M. de Schomberg.
  2. Les précédentes éditions donnaient l’Angoumois à M. de Praslin.
  3. Cette phrase a été ajoutée par l’auteur en marge de son manuscrit.