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journal de ma vie.

prendre Mr de Vandosme, mais il n’y trouva que le nid. On advertit Mr du Maine que les portes du Louvre estoint fermées : il se le tint pour dit et s’en revint a son logis, des Jesuistes ou il estoit[1], puis en mesme temps sortit par la porte Saint Antoine et tourna sur la contrescarpe jusques a celle de Saint Martin ou il attendit ceux quy se voulurent retirer. Mr de Boullon estoit allé a Charanton : on le vint avertir a son retour, proche du petit Saint Antoine[2], qu’il y avoit rumeur au Louvre ; il monte a cheval, et sur ce que l’on luy dit que Mr du Maine l’attendit a la porte de Saint Martin, il y alla. Aussy firent plusieurs autres, et se trouverent bien soissante chevaux. Mr du Maine proposa de rentrer a Paris et esmouvoir le peuple : ils firent le premier, mais l’autre ne leur reussissant pas, ils se retirerent vers Soissons[3].

Deux gentilshommes de Mr le Prince, le Tremblay et Diau vindrent devant le Louvre sçavoir sy Mr le Prince estoit mort, envoyés par Rochefort quy estoit sur le Pont Neuf avesques trente chevaux. Je dis au Tremblay : « Mr le Prince se porte bien : il est arresté, et n’a nul mal. » Sur cela ils s’en retournerent dire cette nouvelle a Rochefort quy s’en alla en diligence jetter dans Chinon[4].

  1. La maison des jésuites était, comme l’hôtel de Mayenne, en la rue Saint-Antoine.
  2. Le petit Saint-Antoine était situé rue Saint-Antoine et rue du Roi-de-Sicile.
  3. Le duc de Mayenne était gouverneur de Soissons.
  4. Par le traité de Loudun le château de Chinon avait été donné au prince de Condé qui y avait mis garnison.