Lebret parait admettre la supposition que le comte de Bourgfranc fut tué par les siens. Voici comment il raconte sa mort :
« Le comte de Bourgfranc y perdit la vie, frappé d’une balle à la tête par derrière au moment où il se retournait, disent les uns ; assassiné selon les autres par la jalousie de La Rivière-Marsolan, avec lequel il était en désaccord sur la rupture du pont, ou plutôt par les farouches soupçons du conseil qui, depuis l’affaire de Sauvage[1], s’était toujours défié de lui. »
Mais suivant le récit de Joly, journal d’un témoin oculaire, le comte de Bourgfranc fut tué par l’ennemi, et fort regretté des siens.
« Le comte de Bourgfranc, dit cet auteur, estoit encores occupé dans ce bastion à ranger les piquiers de Barthe quand l’assaut se donna, et qu’on luy vint dire que l’ennemi forçoit l’espaule du bastion ; il y monte, y jette une grenade sans l’allumer ; son pistolet luy faict faux feu, descend pour en prendre un autre des mains de son laquais et remonté le tire. S’en voulant retourner un plomb le touche à la teste par derriere et le jette à terre. Soudain on le couvre d’un manteau, de peur que le soldat le voyant ne perdit courage. La nouvelle de cette mort après l’assaut remplit la ville de dueil pour la confiance qu’on avoit en la valeur et experience de ce brave capitaine. »
Le P. Dominique a Jesu Maria jouissait depuis longtemps de cette réputation de haute sainteté, et Philippe II d’Espagne
- ↑ Sauvage était un capitaine huguenot qui s’était introduit dans Montauban après avoir pratiqué des intelligences dans le camp royal, et qui avait cherché à négocier la reddition de la ville. Il était chargé d’offres pour différents chefs, et entre autres pour le comte de Bourgfranc. Il fut condamné comme traître, et exécuté.