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1621. novembre.

lesquelles ils alloint et venoint librement delà l’eau et mettoint toujours quelques nouveaux soldats dedans leur ville ; ce quy m’obligea d’armer un fort batteau tant pour faire escorte a ceux quy montoint et descendoint la riviere que pour resserrer les ennemis.

Je fis aussy passer les regimens de Chappes et de Vaillac de l’autre costé de l’eau et fis commencer un tres beau retranchement ou je logeay six canons de batterie des que l’artiglerie fut arrivée, quy fut le lendemain lundy 22me, et que j’en fis mettre quattre pieces dans la batterie que j’avois preparée au quartier de Piemont, et mesmes des le soir elles en tirerent quelques volées contre les deffenses de la ville.

Mr le mareschal de Roquelaure nous fit le soir un magnifique festin aux principaux de l’armée.

Le temps estoit sy mauvais et les pluyes sy continuelles que nos soldats estoint jusques au genoul dans la boue : ils souffroint neammoins ces incommodités de bon cœur et sans murmurer.

Le marquis de Mirambeau[1], fils ayné de Mr de Boisse[2] quy avoit peu auparavant esté assassiné a

  1. Armand d’Escodeca, marquis de Mirambeau et de Pardaillan, fils d’Arnaud d’Escodeca, baron de Boësse et de Pardaillan, et de Jeanne de Bourzolles, avait épousé en premières noces Madeleine de Pons-Mirambeau, et en secondes noces Victoire de Bourbon-Malause. Il fut tué dans un combat peu de temps après le siège de Monheurt.
  2. Arnaud d’Escodeca, baron de Boësse et de Pardaillan, gentilhomme huguenot, jadis compagnon d’armes du roi Henri IV et mestre de camp du régiment de Navarre, était gouverneur des deux places de Monheurt et de Sainte-Foy. Après le siége de Saint-Jean-d’Angély, il les avait remises en l’obéissance du roi. Mais pendant qu’il était au siége de Montauban, toutes deux se