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1621. novembre.

estonnés de mon proceder que j’estois indigne du leur, et voyant que Des Fourneaux alloit donner les departemens, ils le prierent de les superseder ; mais luy dit qu’au contraire il les hasteroit, et qu’ils meritoint pire traittement que celuy que je leur faisois. Ils revindrent battre a ma chambre, et moy je fis la sourde oreille jusques a ce qu’ils me firent dire par La Motte de Nort quy entra par ma garde robbe, qu’ils me donneroint non seulement ce que j’avois desiré, mais encores tout ce que je leur voudrois ordonner, et que seulement je les veuille entendre : ce qu’en fin je fis avesques une forte reprimande, et eus tout ce que je voulus d’eux. Aussy fis je changer mes logemens.

Le lendemain mardy 16me je vins coucher au Port Ste Marie[1], et le mercredy 17me je disnay a Esguillon[2] ou Le Meine Chabans me vint trouver, quy me fit sçavoir comme Monheurt[3] estoit investy d’un costé par le regiment du marquis de Grignaux quy avoit le mesme soir gaigné un moulin tres important et quy nous menoit bien pres de la ville. J’y allay voir apres disner et fis passer les regimens de Piemont et de Normandie que je fis camper joignant celuy de Grignaux, tirant vers Puch[4], assés eslongnés l’un de l’autre pour garder la moytié de la campagne.

  1. Port-Sainte-Marie, chef-lieu de canton de l’arrondissement d’Agen, sur la rive droite de la Garonne.
  2. Aiguillon, petite ville du canton de Port-Sainte-Marie, au confluent du Lot et de la Garonne.
  3. Monheurt est situé un peu au-dessous d’Aiguillon, sur l’autre rive du fleuve.
  4. Puch-de-Gontaut, bourg du canton de Damazan, arrondissement de Nérac (Lot-et-Garonne), à peu de distance de Monheurt.