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journal de ma vie.

vous y estes embarqué que sur l’asseurance que le comte de Bourfran vous donnoit de trahir la place. » Il me dit lors que c’estoit Esplan quy l’y avoit embarqué, et Chomberg empesché de s’en despestrer honorablement ; que le roy estoit bien mal satisfait de luy et qu’il estoit fort content de moy, et qu’il me croyroit desormais aux choses de la guerre, et non luy. Il me commanda en suitte d’embarquer Mr de la Force a parler a Mr le duc de Chaunes ; ce que je fis pour le vendredy 29me octobre[1], auquel Mr de la Force et d’Orval avec quelques uns des principaux de Montauban sortirent de la porte de la ville quy est entre le bastion de la Garrigue et les cornes que nous attaquions, et environ a deux cens pas de la ville Mr de Chaunes et moy nous y trouvasmes. Nous nous saluames avesques beaucoup de tendresse et d’affection ; ils prierent que l’on ne parlat point en particulier, parce qu’ayant affaire a une ville jalouse et a un peuple soubçonneux, cela leur pourroit porter prejudice. Il y eut beaucoup de discours de part et d’autre, quy en fin aboutirent de leur part qu’ils estoint tres humbles serviteurs et sujets de Sa Majesté, quy ne respiroint qu’une entiere et parfaite obeissance a ses volontés et commandemens, pourveu que le

  1. Les manuscrits Fr. 10315, Fr. 17476, et le manuscrit de la ville de Meaux portent : le lundy 29 octobre. Cette date fautive a été reproduite par l’édition de 1665 et par quelques-unes des anciennes éditions. Mais d’autres donnent à l’entrevue la date du samedi 30 octobre, qui est la véritable : c’est en effet celle que s’accordent à indiquer l’Histoire particuliere et l’Histoire de Montauban.