gensdarmes de Monsieur dans la plaine pour prendre langue, et venir avertir. Je trouvay en suitte Mr le mareschal de Pralain quy se fascha de me voir ; je luy dis : « On m’a dit qu’asseurement le secours venoit ; sy cela est, je ne vous seray pas inutile. » Puis je luy dis : « Monsieur, voicy bien de l’embarras ; sy les ennemis venoint dans cette confusion, ils passeroint, et ne les pourrions discerner d’avesques nos gens. » Il me dit : « Ce sont ces messieurs quy font le desordre : quel remede y peut on apporter ? » « Sy feray bien, sy vous me le commandés, luy respondis je ; car je feray donner une allarme vers le pont de la Garrigue : ils y courront, puis je logeray Piemont pour les empescher de repasser. Cependant faites avancer ces gensdarmes mille pas dans la plaine ; car c’est là ou ils joueront leur jeu sy les ennemis viennent, et non icy. » Il me dit qu’il les y vouloit mener, et que sy les ennemis venoint, qu’il en rendroit bon compte. Il me commanda aussy de mettre les deux cens hommes des gardes a la traverse du chemin de Picacos quy va a la Garrigue, ce que je fis, et tous ces messieurs s’en allerent a l’allarme[1] devers leur quartier, et je logeay les gardes et Piemont : puis comme tout fut despestré, Mr de Vandosme arriva le dernier pour se retirer en son quartier, quy me dit qu’un sergent des ennemis s’estoit venu rendre a la barricade de Normandie, quy asseuroit que les ennemis le suyvoint de pres [et qu’ils estoint bien pres d’eux][2].
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