et quelque vingt archers de la garde bourguignonne quy marchoint les derniers. Ils allerent coucher a Pinto[1], et le lendemain arriverent a l’Escurial d’assés bonne heure pour luy faire dire un service, et puis la compagnie s’en retourna.
Le duc d’Ossune estoit sur le pont comme les autres, à voir passer le corps du roy, et s’estant arresté contre un carrosse ou estoint des gentilshommes quy estoint venus en Espaigne avec moy, il leur demanda s’ils ne sçavoint point quand j’aurois audience. Mr de Rotelin[2] et Mr le marquis de Bussy d’Amboyse[3] luy respondirent que l’on m’avoit fait dire que ce seroit pour le dimanche prochain. Il leur dit : « Je m’en resjouis ; car j’ay asseurance d’avoir la premiere apres, en laquelle je veus dire au roy qu’il y a maintenant trois grands princes quy gouvernent le monde, dont l’un a seise ans, l’autre dix sept, et l’autre dix huit, quy sont luy, le Grand Turc, et le roy de France, et que celuy d’eux trois quy aura la meilleure espée et sera le plus brave, doit estre mon maitre. » Ces paroles là quy furent redittes par un quy estoit en son carrosse, que l’on avoit commis pour espier ses discours et ses actions, avesques sa vie precedente, et une lettre qu’il escrivit au duc de Lerme, furent cause de le faire mettre en la prison ou il a finy ses jours.