Prague quy releva extreordinairement ses affaires et ruina celles du palatin et des autres princes protestans ligués avesques luy. En ce temps là le duc de Feria estoit gouverneur du duché de Milan, homme ambitieux et vain, quy vouloit a quelque prix que ce fut, brouiller les cartes et faire parler de luy. Il vit que sans grande obstacle il le pouvoit faire, puis que les Grisons luy donnoint quelque pretexte d’empieter la Valteline sy importante au roy d’Espaigne pour la conservation de ses estats d’Italie et affoiblissement des autres potentats d’icelle : il consideroit que les protestans estoint chastiés, le roy de France occupé en ses guerres civiles, et le roy d’Angleterre amusé sur l’esperance du mariage de l’infante d’Espaigne[1] pour le prince son fils ; il en entreprit donc et executa la conqueste avesques la forme et le succes que chascun sçait : ce quy allarma les princes d’Italie, offensa les Suisses, et interessa le roy leur allié a en procurer et entreprendre la restitution et restablissement aux Grisons legitimes seigneurs d’icelle ; et pour cet effet m’envoya en Espaigne son ambassadeur extreordinaire pour la redemander de sa part au roy son beau pere.
Comme je m’y estois acheminé, Mr du Fargis, ambassadeur ordinaire du roy en Espaigne, pratiqua d’avoir un logis assés beau pour sa demeure par les aposentadores[2] quy sont obligés de loger les ambas-