affin de ne blesser nos gens ; ce quy nous servit beaucoup ; car ils[1] eussent peu tuer d’honnestes gens.
Mr le marquis de Trainel avec le regiment de Picardie quy donna a main droitte, fit faire une barricade sur l’avenue d’Angers, comme nous aussy du costé du faubourg quy regarde une plaine aval[2] de l’eau. Puis Mr de Crequy et moy avisames qu’il demeureroit a faire barricader contre le chasteau, et le battre, s’il ne se rendoit, des mesmes pieces des ennemis, lesquelles estoint encores sur le pont. Puis ayans posé nos gardes, je fus trouver le roy pour luy ammener les principaux prisonniers et apporter les drapeaux gaignés sur les ennemis. Je trouvay Mr le Grand aupres de luy au mesme lieu des ardoysieres ou il avoit fait teste du costé d’Angers, le remerciay[3] du soin qu’il avoit eu de nous envoyer secourir de cavalerie comme il avoit fait, bien qu’elle ne nous eut de rien servy, puis luy rendis compte [du succes][4] de ce combat ou cinq mille hommes avoint esté deffaits, plus de douse cens morts ou noyés et a peu pres autant de prisonniers, la ville de Pont de Sey prise, et le chasteau capitulant de se rendre le lendemain pourveu qu’il luy soit permis d’envoyer vers la reine. Le roy me fit extreordinairement bonne chere, et Mr de Luynes me louant a Mr le Grand, quy se plaignoit que comme il apportoit ratification de tout ce que le roy desiroit, il