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1620. aout.

Le 3me je fus trouver le roy en son quartier de la Suse, pris ordre du roy pour luy presenter le lendemain l’armée que je luy avois ammenée, a laquelle il voulut faire faire montre separement de la sienne affin de voir en quoy elle consistoit.

Donc le mardy 4me jour d’aust je partis du Guessallart, ayant donné rendés vous a huit heures du matin a l’armée en la plaine du Gros Chastaignier proche de la Fleche, laquelle je mis en battaille. Le roy y arriva apres dix heures, quy la vit et la trouva tres belle et bien complette au dela de ce qu’il s’attendoit : car a la montre il fut compté huit mille hommes de pié et davantage en rang, et six cens bons chevaux, sans les compagnies[1] de la reine, (quy n’estoit encores revenue de la conduite de madame de Mercure), les compagnies de Guyse et de Jainville que le roy m’avoit commandé de leur donner, et celles de Nemours et mestre de camp, cassées. Allors les deux armées furent jointes en un mesme corps, et le roy fit quattre mareschaux de camp sous Mr le Prince, general, et Mr le mareschal de Pralain, lieutenant general, quy furent le marquis de Trainel, Crequy, Nerestan[2], et moy.

  1. C’est-à-dire sans la compagnie de la reine, et les autres dont l’énumération suit.
  2. Philibert, marquis de Nérestang, fut, sous Henri IV, le premier mestre de camp du régiment de son nom, qui devint depuis régiment de Chappes, et plus tard régiment de Bourbonnais, l’un des cinq petits vieux. Il fut maréchal de camp en 1615, conseiller d’État, et grand maître de l’ordre de Saint-Lazare. Attaché au maréchal d’Ancre, il se retira sans doute de la cour après la catastrophe du 24 août 1617 : Luynes en effet le rappelait en lui