que ce bonhomme vit, ensemble ces regimens de Picardie et de Champaigne quy marchoint. J’envoyay un des miens commander au capitaine de carabins que j’avois envoyé a la maison de Lescluselles qu’il supersedat l’ordre que je luy avois donné jusques a une nouvelle commission et qu’il donnat la femme de Lescluselles entre les mains de son oncle, recevant pareillement de luy son fils[1] lequel il garderoit seurement.
J’arrivay devant les portes de Dreux vers les deux heures [et demie][2] du matin, comme le jour commençoit a poindre, ayant fait faire halte au regiment de Picardie duquel je fis prendre cent hommes pour entrer au faubourg, et avesques quelque vingt chevaux je demanday a entrer[3]. Je trouvay quelque cent cinquante bourgeois, la plus part armés, a la porte de la ville, quy laisserent entrer mon train : et moy au mesme lieu je me mis a leur parler, les louant de leur tesmoygnage de bonne volonté au service du roy ; que j’estois venu pour les conforter, les delivrer de ceux quy tenoint le chasteau contre le roy et les remettre en l’estat que je voyois a leur contenance qu’ils desiroint ardemment, ne manquant plus aucune chose a eux sinon qu’ils criassent : Vive le roy. J’avois dit aux miens que quand je dirois : Vive le roy, ils le criassent aussy, et ces bourgeois en firent de mesme, comme c’est la coutume des peuples de suyvre ce qu’ils voyent commencé, sans raysonner