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journal de ma vie.

dant la minorité du roy ou par trois marauds quy avoint empieté l’auctorité avesques la personne du roy ; qu’il louoit ma resolution de me tenir toujours au gros de l’arbre, de suyvre non le meilleur et plus juste party, mais celuy ou la personne du roy estoit et ou il y a le sceau et la cire, mais que de s’y porter avesques tant de vehemence, outrepasser les ordres du roy pour diligenter davantage, employer son bien aussy profusement que je faisois pour des gens ingrats a la reine leur premiere bienfaictrice et en suitte a leurs amis[1], et en se hastant sans commandement ny ordre ruiner le party de la reine femme du feu roy quy m’a tant aymé, pour se faire marcher sur la teste puis apres par ces trois potirons venus en une nuit quy puis apres me mespriseront et ruineront, pour avoir mon merite et ma vertu suspecte, qu’il n’y voyoit aucune apparence ny rayson, et que sy je voulois retarder mon arrivée de trois semaines aupres de la personne du roy avesques l’armée que je conduisois, ce que je pouvois faire suyvant mesmes les ordres que j’avois du roy ; sy je me voulois contenter d’ammener ce que je trouvois de trouppes en estre, sans m’amuser a en lever partout a mes despens pour les renforcer, et finalement ne montrer point cet exces d’ardeur et l’animosité au party contraire, on ne me demandoit point que je le servisse ny que je fisse rien contre mon honneur et devoir, Mr de Boullon me seroit caution de cent mille escus que l’on me feroit tenir ou je voudrois, sans que jammais personne autre que nous trois

  1. Aux précédentes éditions il y avait : armes.