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1607. mars.

quattre cent vingt mille livres que j’en pretendois ; mais je consentis que mon remboursement ne seroit qu’en quattre ans, dans les termes desquels je fus ponctuellement et entierement satisfait.

J’advertis aussy, pendant mon sejour, Mr le prince de Jainville et madame de Moret du dessein que le roy avoit de les surprendre ensemble, et de leur faire un sanglant affront. Mais eux, quy pensoint que je leur en parlois pour mon interest particulier, n’y pourveurent pas comme il falloit. Neammoins on ne les surprit pas ensemble : mais le roy en descouvrit assés pour chasser Mr de Cheuvreuse de la court, et en eut fait autant d’elle sy elle n’eut esté sur le point d’accoucher ; et le temps raccommoda l’affaire.

Je m’en allay en Lorraine apres les dix jours accomplis de ce dernier sejour, et peu de temps apres revins inconnu a Paris, voir madame de Moret, pour m’offrir de la servir en son desplaisir : et, ayant esté rencontré, par les chemins, par Mr de Tremes[1] quy s’alloit marier à Mlle de Luxembourg, et suyvi par un courrier de Mr de Lorraine quy dit a Chanvallon que j’estois arrivé devant luy, il y eut bruit de mon arrivée, et madame d’Antragues tint sa fille en estat de ne me pouvoir voir.

  1. René Potier, comte, puis duc de Tresmes, fils aîné de Louis Potier, baron de Gesvres, puis comte de Tresmes, et de Charlotte Baillet, mort le 1er avril 1670, à l’âge de 91 ans. Il épousa par contrat passé au château de Pougy, le 28 avril 1607, Marguerite de Luxembourg, fille de François de Luxembourg, duc de Piney, prince de Tingry, et de Diane de Lorraine-Aumale, sa première femme.