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— Ô bouches courtes ! leur dit le hérisson railleur, vous mangez les os d’un des vôtres.

— Tuons-le, dirent les chats sauvages ; il nous a fait manger les os d’un des nôtres.

— Ne me tuez pas ici, ajouta le hérisson. Amenez-moi là-bas sur ce rocher. Les princes viennent s’amusera l’endroit où nous sommes ; il ne doit pas être souillé par un cadavre.

Les chats sauvages firent droit à cette requête et conduisirent le hérisson sur le rocher. Arrivé là, ce dernier disparut dans une fente qui partageait la pierre, d’où il leur cria :

— Eh ! bouches courtes, vous avez mangé les os de votre frère.

Les chats sauvages, impuissants à rattraper leur ennemi, étaient irrités encore davantage par ses railleries. À bout de moyens, chacun retourna chez soi.

Le hérisson, joyeux d’avoir, grâce à sa bonne étoile, échappé à la mort, gambadait de tous côtés. Depuis cette époque, le hérisson et le chat sauvage sont restés ennemis. Les dernières paroles que prononça le chat sauvage furent celles-ci :

— Gardez-vous des hérissons, ô mes enfants, mes descendants. Il nous a fait manger un de mes ancêtres. N’ayez pas de postérité, de peur qu’un sacrilège pareil ne se renouvelle.