Page:Basset - Contes populaires d’Afrique, 1903.djvu/421

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

femme et en fit autant de la sienne. Arondo se mit à crier que son mal de tête empirait, et le peuple, à ses cris, se pressa autour d’elle. Redjioua survint et lui dit :

— Ne criez pas, ma fille, vous ne mourrez pas.

Alors Arondo demanda :

— Mon père, pourquoi me dites-vous que je ne mourrai pas ?

— Si vous craignez la mort, vous pouvez être sûre qu’elle viendra.

Il avait à peine achevé ces mots qu’elle expira. Tout le peuple se lamenta en signe de deuil, et Redjioua dit :

— À présent que ma fille est morte, il faut qu’Akenda-Mbani meure à son tour.

Le lieu de sépulture s’appelle Djimai. Les habitants vinrent y creuser une fosse pour les deux corps qui devaient y être enterrés ensemble. Redjioua fit mettre dans le tombeau commun un esclave, une dent d’éléphant, des clochettes, des nattes, de la vaisselle et le lit nuptial. Il y ajouta le couteau, le sac de chasse et la lance d’Akenda-Mbani. Alors le peuple dit :

— Recouvrons tout cela de terre et élevons un petit monticule.

Lorsqu’Agambouaï (l’oracle du village) entendit cela, il dit à Redjioua :

— Prenez garde, il y a ici des léopards.