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pour s’éloigner de l’arbre fatal. Hélas ! il est trop tard Les hommes du village accourent et s’en emparent.

— Voici donc notre voleur, dit le chef ; qu’on l’emmène au village ; demain on lui coupera la tête et on donnera sa viande aux femmes pour la faire cuire.

L’ordre est aussitôt exécuté et la tortue est enfermée dans un coffre solide en attendant le lendemain. Le chef et ses hommes retournent sans la garder.

Un enfant du chef entre dans la maison et entend des gémissements plaintifs que pousse la tortue.

— J’étouffe ! j’étouffe ! crie-t-elle à l’enfant. Pourquoi m’enfermer ainsi ? Je puis à peine respirer et si je meurs pendant la nuit, ma viande sera mauvaise. Va, je ne cherche pas à me sauver, et si tu es bon, enferme-moi dans ce vieux panier que j’ai vu en entrant.

L’enfant, qui ne connaît pas la malice de la tortue, fait ce qu’elle demande.

À peine est-il sorti de la case que la tortue commence à ronger le panier et en quelques instants, elle a conquis sa liberté.

Elle se sauve et le jour la surprend en pleine brousse, Depuis la veille, elle n’a ni bu ni mangé. Fatiguée, elle s’arrête au pied d’un palmier au