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récemment accouchée pour accomplir l’œuvre qui m’a été ordonnée par saint Coluthus. La femme lui dit :

— Je remplirai tes yeux du lait de mes seins.

L’homme dont les yeux étaient malades reprit :

— Fais-moi cette charité ; tu vois mon tourment et mon affliction.

Le mari de cette femme lui dit, car il n’y croyait pas :

— N’agis pas ainsi, de peur qu’il ne manque pas de gens qui se moquent de toi.

— Ils se moqueraient de moi, reprit-elle, et pourquoi ? Par la foi de ma noblesse et par la doctrine de mes ancêtres, je crois que si je remplis ses yeux du lait de mes seins, il sera guéri par la vertu de saint Coluthus. Elle ajouta :

— Est-ce que jamais l’on a trouvé à railler chez moi ? Ai-je jamais été amie du plaisir ? A-t-on jamais dit en soi-même que quelqu’un en dehors de mon mari ait eu des rapports avec moi ? Aujourd’hui, je vous prends à témoins, vous tous qui m’entendez ! Je vous jure, par saint Coluthus, par l’offrande des chrétiens, par les tourments que le Christ a soufferts sur la croix, que je n’ai eu de commerce avec aucun homme depuis que je suis mariée et depuis que je suis sortie du sein de ma mère ; je suis venue