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LE LIÈVRE ET LES MOINEAUX[1].


Le lièvre, le plus malin des animaux, alla un jour demander à Dieu de le rendre plus fin. Pour le congédier, Dieu lui dit d’abord d’aller remplir de moineaux une gourde et de revenir. Le lièvre se rendit près d’une fontaine et y passa sa journée en méditation. Quand le soir fut venu, les oiseaux, que la chaleur du jour avait forcés de se cacher, sortirent pour se rafraîchir ; les moineaux, spécialement, vinrent voltiger, gazouiller près de la source et s’y désaltérer. Le lièvre se dit tout bas :

— Voilà l’occasion de les attraper !

Il saute, et, faisant semblant de discuter :

— Non, non, dit-il : oui, oui ; pardonnez-moi, jamais, ça n’aura pas lieu ; c’est impossible ; pourquoi pas ?

Les moineaux, surpris, lui demandèrent le sujet de sa discussion ; il répondit qu’il voulait savoir si sa gourde était assez grande pour les contenir tous :

— Nous y tiendrions sans être gênés, répliquèrent les moineaux : nous sommes si petits.

  1. Boilat, Grammaire de la langue woloffe, p. 402-404.